Une vague de protestation
L’annonce surprise de Laurent Wauquiez a provoqué un véritable raz-de-marée dans le monde politique et médiatique. Rarement une proposition n’a suscité une telle unanimité… contre elle. Ce tollé révèle une chose : nos élites n’aiment décidément pas le changement.
« L’immobilisme est en marche, et rien ne l’arrêtera », disait avec ironie Edgar Faure. Une fois encore, la réalité lui donne raison. Pourtant, il suffit d’un détour par les réseaux sociaux pour lire, presque quotidiennement, des appels à la réouverture du bagne de Cayenne ou à l’envoi des personnes sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) sur une île lointaine. Eh bien, Wauquiez a trouvé une île — et elle n’est pas déserte.
Une réaction locale épidermique
Les premiers à s’insurger sont les élus de Saint-Pierre-et-Miquelon. Leur réaction est compréhensible, mais pas nécessairement fondée. Car soyons honnêtes : combien de Français connaissaient réellement cet archipel ? Pour beaucoup, c’est une découverte. Enfin, on parle d’eux. Enfin, leur territoire existe dans le débat national.
Saint-Pierre-et-Miquelon, ce sont des îlots qui ont longtemps vécu de la pêche à la morue. Mais l’âge d’or est révolu. Le temps est peut-être venu d’imaginer un avenir différent, de se réinventer. Et cette idée, si provocante soit-elle, pourrait être une opportunité. Une relance économique, un nouveau rôle stratégique. Car ces personnes sous OQTF ne viendraient pas seules : les accompagneraient forces de l’ordre, personnels logistiques, services publics. Il faudra les encadrer, les nourrir, les loger.
Un territoire oublié… ou enfin reconnu ?
On reproche souvent à l’État d’oublier certains territoires. Les « territoires oubliés de la République » sont devenus un refrain connu. Mais tous les Français naissent égaux en droits, n’est-ce pas ? Alors pourquoi ne pas envisager Saint-Pierre-et-Miquelon comme un acteur de la solution nationale, au lieu de le figer dans son isolement ?
Ce n’est pas du mépris — c’est de la reconnaissance. Une reconnaissance inattendue, certes, mais réelle.
Le courage de décider
Le sujet des OQTF est un casse-tête pour tous les gouvernements. À force de tergiverser, on accumule les décisions non exécutées, les expulsions non réalisées, l’insécurité juridique… Alors pourquoi ne pas faire preuve d’audace ? Pourquoi ne pas essayer ce que personne n’a encore osé ?
Cela demande du courage, oui. Et une vision. Mais face à une situation bloquée, ne vaut-il pas mieux tenter quelque chose, plutôt que de rester spectateur de notre propre impuissance ?