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France Travail : un machin de plus

France Travail, a quoi ça sert ?

Essayer de décrire France Travail, c’est un peu comme brosser le portrait d’un vieux pote maladroit qui n’a jamais vraiment su quoi faire de sa vie, mais qui continue de changer de pseudo pour essayer d’améliorer son image.

 À chaque nouvelle appellation – ANPE, Pôle Emploi, et maintenant France Travail – on espère une transformation miraculeuse. Et chaque fois, la magie n’opère pas. En fait, il s’agirait presque d’un cas d’étude clinique de schizophrénie institutionnelle : une crise identitaire chronique qui tente de masquer ses failles derrière des noms ronflants. Pourtant, à l’intérieur, la mécanique grince toujours autant.

France Travail : l’art de maquiller les échecs

Depuis sa première incarnation en ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi), notre France Travail actuel a toujours été cette grande machine qui, sous couvert de modernisation et de changement de façade, reste coincée dans les mêmes vieilles ornières.

ANPE s’est transformée en Pôle Emploi, et aujourd’hui, France Travail se pare d’un nom qui semble tout droit sorti d’une réunion de comité de brainstorming en mal d’inspiration. Car, disons-le franchement, en quoi ce changement de nom améliore-t-il les choses ? On pourrait renommer un âne en « cheval de course », cela ne le rendrait pas plus rapide pour autant. C’est un peu le même principe ici.

Sous ses airs de grand réformateur du marché de l’emploi, France Travail ressemble davantage à un club très fermé des travailleurs temporaires… de Pôle Emploi, dont l’unique tâche semble être de se passer le relais de la lenteur et de l’inefficacité. Car oui, chaque changement de nom ne fait que signaler le changement d’équipe. Les promesses de France Travail ?

Croiser l’offre et la demande de manière plus efficace, favoriser le retour à l’emploi et s’assurer que chaque chômeur ait une chance. Mais en vérité, s’inscrire à France Travail, c’est un peu comme écrire son nom dans le livre d’or des laissés-pour-compte. Une belle signature pour le souvenir, mais pour ce qui est des résultats, c’est une autre histoire.

L’inscription, un rite de passage

Commençons par l’inscription. Ah, cette étape ! Si vous ne l’avez pas encore vécue, c’est comme un parcours du combattant, mais sans le côté glorieux. Vous êtes là, face à un conseiller qui vous demande de remplir des formulaires aussi nombreux que les missions qu’ils ne rempliront pas, eux. Ces formulaires, d’ailleurs, semblent avoir été conçus pour décourager même le plus motivé des chercheurs d’emploi.

Une fois cette épreuve surmontée, vous recevez enfin un numéro de dossier, une sorte de badge honorifique du chômeur français. Bravo, vous êtes officiellement « en recherche d’emploi » dans les bases de données de France Travail. Félicitations ! Vous voilà inscrit à jamais dans le fameux registre, ce grand livre d’or que peu de monde souhaite consulter.

Pourtant, malgré cette inscription, la promesse de trouver un emploi semble s’évaporer dans l’air. Le rêve d’une correspondance parfaite entre l’offre et la demande ne dépasse guère le stade de la promesse. Alors oui, France Travail vous envoie des propositions, mais entre un poste de maître-nageur dans le désert et celui de prof de ski sur une plage, les propositions semblent parfois tirées d’un jeu de fléchettes où l’on cible les offres au hasard.

Vous êtes informaticien ? France Travail vous propose un poste de plombier à l’autre bout de la France. Ah, la magie de l’algorithme !

Des conseillers, des missions, et de la poésie administrative

Les conseillers de France Travail, ce sont un peu les chefs d’orchestre de cette symphonie d’inefficacité. Ils sont là, le sourire de façade bien accroché, à vous expliquer pourquoi votre demande mettra « un peu de temps ». Il faut dire que leurs missions sont multiples : un peu de coaching par-ci, un peu de gestion administrative par-là, avec un soupçon de soutien psychologique pour les âmes en détresse qui se demandent si elles ne finiront jamais par être de simples numéros dans cette grande machine.

Et on les comprend, ces conseillers. Avec un nombre toujours croissant de dossiers et une pression administrative digne d’un roman kafkaïen, ils font ce qu’ils peuvent avec les moyens du bord. Parfois même, ils doivent se concentrer pour se rappeler leur mission première : aider les gens à trouver un emploi. L’ironie est là : France Travail a tellement de missions qu’il en oublie la sienne.

En réalité, France Travail, au fond, fonctionne comme une sorte d’entreprise de divertissement pour ses agents : il y a de la diversité dans les tâches, de l’imprévu dans les rencontres et des rebondissements dignes d’une série. Lundi, vous êtes conseiller en reclassement pour des travailleurs en fin de droits ; mardi, vous animez un atelier sur la gestion du stress pour chômeurs longue durée. Tout est fait pour casser la routine, mais pour le chômeur, l’expérience reste tristement répétitive.

La magie des algorithmes… ou pas

L’un des arguments de France Travail, c’est le recours à la technologie. Oui, nous avons des algorithmes, et avec eux, tout ira mieux ! Mais dans les faits, c’est une autre histoire. La technologie de France Travail semble aussi avancée qu’un minitel amélioré.

Le moteur de recherche interne ? Un modèle de performance… en décalage total avec la réalité. Imaginez un algorithme qui, pour un poste de boulanger, vous envoie des offres pour devenir testeur de matelas en Laponie ou plongeur en apnée à Marseille. La promesse de matcher l’offre et la demande se transforme souvent en un mélange déconcertant d’offres sans rapport avec les compétences des demandeurs. On en viendrait presque à se demander si cet algorithme n’a pas un petit côté farceur.

La vraie innovation, ce serait une technologie qui vous écoute, vous comprend, et vous propose un emploi adapté. Mais là, on est encore loin du compte. En attendant, on se retrouve avec des notifications d’offres « urgentes » pour des postes qui n’ont rien à voir avec votre parcours, ni même avec votre région. Oui, parce que l’algorithme est aussi un peu bigleux sur la géographie. Vous habitez à Lille ? Pourquoi ne pas postuler un poste en Corse ?

Un soutien psychologique douteux

Chez France Travail, on se soucie de votre bien-être. Enfin, du moins sur le papier. Un de leurs grands arguments, c’est l’accompagnement psychologique pour ceux qui peinent à garder la foi. C’est bien connu, si vous avez du mal à retrouver du travail, ce n’est pas parce que le marché de l’emploi est saturé ou que les entreprises manquent de flexibilité.

Non, le problème, c’est vous. Vous n’êtes pas assez motivé, pas assez résilient, pas assez « actif dans votre démarche ». Et pour vous le rappeler, vous avez ces fameux entretiens où l’on vous pose des questions existentielles comme « Quelles sont vos attentes ? » ou encore « Êtes-vous prêt à faire des sacrifices ? ». Et là, vous vous dites que France Travail, c’est un peu comme une secte de la motivation. On vous apprend à sourire, à persévérer, et à croire, contre vents et marées, qu’un jour vous trouverez le Graal du CDI.

En attendant, l’accompagnement psychologique consiste surtout à vous faire comprendre que, si vous n’avez pas trouvé de job, c’est peut-être parce que vous ne vous y prenez pas bien. Allez, un petit effort ! Souriez ! Soyez positifs ! Car tout est une question de « mindset » comme on dit en start-up.

France Travail : l’art de l’inutile productivité

En attendant, le principal talent de France Travail, c’est sans doute l’autojustification. Plus on crée des rapports, des réunions, des tableaux de bord, et plus on est convaincu de son utilité. On pourrait presque dire que France Travail a inventé l’«auto-emploi », c’est-à-dire le concept d’un organisme qui justifie son existence par sa propre bureaucratie. Le nombre de rapports générés chaque année dépasse largement celui des personnes ayant retrouvé un emploi grâce à leur intermédiaire. C’est un peu comme si le Titanic avait survécu grâce au nombre de mémos de sécurité envoyés à son équipage.

Le pire, c’est que malgré cette avalanche de paperasse, le taux de retour à l’emploi reste faible. Mais ne vous inquiétez pas, ils ont une explication : ce n’est pas leur faute, mais celle du marché du travail. Et en guise de réponse, on vous promet encore une refonte de l’organisme dans quelques années. Peut-être que cette fois, ils oseront se renommer La Fabrique des Chômeurs Heureux. Au moins, ils auraient le mérite de l’honnêteté.

Pour Conclure : un cycle sans fin

Changer ANPE en Pôle Emploi n’a pas résolu grand-chose, et France Travail ne fait pas exception. Tant que cette institution continuera de fonctionner avec des logiques plus proches de la farce administrative que de l’efficacité pragmatique, les chômeurs continueront d’être les perdants d’un système qui semble voué à s’auto-alimenter dans l’incompétence.

 Alors, la prochaine fois qu’ils se renommeront – car oui, cela arrivera tôt ou tard –, on pourra peut-être suggérer le nom de Labyrinthe National de l’Inaction ou encore Agence du Rebond Immobile.

En attendant, le vrai défi est là : aider les chômeurs à trouver des emplois, pas des numéros de dossier. Alors oui, on sourit, on rit, mais derrière l’ironie et l’humour, c’est une réalité bien triste qui se dessine pour tous ceux qui, chaque jour, signent le livre d’or de France Travail, en espérant qu’un jour, on les prenne au sérieux.

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