Le monde est en pleine mutation.
Entre la recherche d’une paix durable en Ukraine, les bouleversements profonds du monde arabe et le conflit israélo-palestinien qui s’intensifie, les équilibres globaux se recomposent.
Pendant ce temps, les décisions parfois lunaires de Donald Trump, qui continuent d’avoir des répercussions bien après son mandat, interrogent : combien de temps leurs effets dureront-ils ? Si certaines mesures ont pris une direction pragmatique, d’autres n’ont fait qu’accentuer la fragmentation du monde occidental et l’affaiblissement des alliances traditionnelles.
Dans ce contexte, l’Europe devrait saisir l’opportunité de jouer un rôle clé sur la scène internationale. Avec 500 millions d’habitants, elle dispose d’un poids démographique bien supérieur aux 340 millions d’Américains et aux 144 millions de Russes. Pourtant, elle demeure une puissance éclatée, sans stratégie commune ni leadership affirmé.
L’Europe politique n’existe toujours pas véritablement, car elle n’a pas de chef, pas de voix unique. Cette absence de cohésion la condamne à une forme d’immobilisme alors que le monde avance à grande vitesse.
L’OTAN sans les États-Unis : une chance pour l’Europe ?
Depuis plusieurs années, les États-Unis montrent des signes de lassitude face à leur rôle de garant de la sécurité européenne. Washington a régulièrement exprimé son souhait que les Européens prennent une plus grande part au financement de l’OTAN, et les déclarations de Trump en faveur d’un retrait américain ont laissé entrevoir un scénario où l’Alliance atlantique pourrait être délaissée. Mais plutôt que de subir cette nouvelle donne, ne serait-ce pas l’occasion pour l’Europe de reprendre la main sur sa propre défense ?
Une transformation de l’OTAN en une véritable armée européenne pourrait enfin donner à l’Union la souveraineté stratégique qui lui manque cruellement. Cependant, cette OTAN européenne ne saurait inclure des pays dont les intérêts sont trop divergents, comme la Turquie, dont l’attitude ambiguë vis-à-vis de la Russie et ses ambitions régionales posent problème. Une défense européenne solide devrait s’appuyer sur les forces françaises et allemandes, tout en intégrant les pays qui partagent une vision commune d’une Europe stratégiquement indépendante.
France-Allemagne : couple ou duel ?
Dans cette dynamique de refondation, la relation franco-allemande est cruciale. Depuis l’après-guerre, le moteur européen repose sur ce partenariat, parfois harmonieux, parfois conflictuel. Aujourd’hui, alors que Berlin semble davantage tourné vers Washington et l’OTAN classique, Paris plaide pour une autonomie stratégique de l’Europe.
Couple ou duel ? La question est plus que jamais posée.
Si la France et l’Allemagne ne parviennent pas à s’accorder sur les grandes orientations stratégiques, l’Europe restera condamnée à l’impuissance. Pourtant, si un consensus émerge sur la nécessité d’une véritable politique de défense européenne, le continent pourrait enfin se hisser au niveau des grandes puissances mondiales.
Une Europe à réinventer
Le moment est venu pour l’Europe de se réformer, de dépasser ses divisions et de s’affirmer comme une puissance à part entière. Cela passe par des choix clairs : renforcer ses capacités de défense, structurer une véritable politique étrangère commune et assumer son indépendance stratégique.
L’histoire est en marche. Reste à savoir si l’Europe choisira d’y jouer un rôle actif ou si elle continuera à subir les décisions des autres grandes puissances.