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Le service militaire : un rite d’initiation oublié

La fin d’un rite d’initiation.

Toutes les grandes civilisations, depuis l’Antiquité jusqu’aux sociétés tribales, ont instauré des rites de passage pour marquer l’entrée dans l’âge adulte. Ces cérémonies, parfois symboliques, parfois rudes, avaient un rôle central : elles séparaient clairement l’enfance de la maturité, le monde protégé des responsabilités de la vie.

Dans notre société occidentale, ce rôle a longtemps été tenu par le service militaire. Pendant des décennies, il représentait bien plus qu’une simple obligation nationale. C’était un rite d’initiation collectif, un moment de rupture, mais aussi de construction.

Avant : l’adolescence sous le regard des parents

Jusqu’à 18 ou 20 ans, les adolescents vivent sous le toit familial. Ils sont nourris, logés, éduqués, souvent protégés de la réalité du monde. Cette période est précieuse, mais elle doit être mise à profit par les parents pour transmettre des repères solides : l’effort, le respect, la discipline, l’autonomie, le goût du travail. C’est un âge d’apprentissage, mais pas encore de confrontation au réel.

Pendant : l’épreuve structurante

Le service militaire, pour ceux qui l’ont connu, représentait une coupure nette avec l’enfance. Uniforme, rigueur, promiscuité, hiérarchie, obéissance, parfois ennui ou absurdité… mais aussi camaraderie, fierté, découverte de soi et des autres. Loin du cocon familial, chacun devait se confronter à la vie des adultes, sans filtre.

En ressortant de ces quelques mois ou de ces un an, beaucoup de jeunes devenaient… des hommes. Dans leur tête, dans leurs attitudes, dans leur regard sur la société. Ils rentraient dans le cycle de la vie : chercher un emploi, fonder un foyer, avoir des enfants, contribuer à la société.

Après : un vide laissé béant

La suppression du service militaire a effacé ce moment de bascule. Il n’y a plus de passage net entre l’adolescence et l’âge adulte. Résultat : une génération coincée dans un entre-deux, des jeunes de 15 à 25 ans — voire plus — qui peinent à s’ancrer dans la réalité, à sortir du confort de l’enfance prolongée.

Certes, le service militaire n’était pas parfait. Mais il remplissait une fonction anthropologique essentielle. Sa disparition a laissé un vide. Et ce vide se ressent dans le manque de maturité, d’engagement, d’ancrage social de toute une partie de la jeunesse.

Que faire ? Restaurer un rite de passage

Il ne s’agit pas forcément de rétablir à l’identique le service militaire. Mais la société a besoin de recréer un cadre où les jeunes sont confrontés à des épreuves communes, à des règles, à l’effort, à la collectivité. Un rite d’initiation moderne, qui pourrait mêler formation civique, discipline, travail manuel, engagement collectif, découverte du monde réel.

Un service national ? Un service civique obligatoire ? Un séjour en milieu rural ou dans les métiers en tension ? Peu importe le nom. Ce qui compte, c’est de redonner à la jeunesse une étape claire de passage, un moment où l’on quitte l’enfance et où l’on devient responsable.

Sans rite de passage, il n’y a pas de transmission. Sans transmission, il n’y a pas de civilisation. Il est temps de reconstruire ce lien.

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